Dans sa phase "chrétienne", la ferveur catholico/traditionnelle commencera lorsqu'en 1783 un très jeune paysan andin, nommé Mariano Mayta trouvera une roche plate sur laquelle apparaît l'image d'un Christ en croix, à Sinak'ara, dans le lieu dit "la rinconada" (le coin). La nouvelle du "miracle" court par les sentiers, pistes et routes de maisons en villages et de bourgades en villes. Trois siècles plus tard, si l'on peut encore en avoir une vision claire, c'est en bonne partie dû au travail de restauration et repeinte en 1935.
On vient de toute la région Inka, du Cusco, mais aussi des quatre coins du Pérou. On arrive aussi bien de zone proches comme Ocongate que de villages cusquéniens, comme San Sébastian, San Geronimo, Santiago, Ccatca, Markapata, de la zone frontière avec la zone de jungle de montagne comme Paucartambo voire d'Aréquipa ou de Lima.
Le village de base étant celui de Mawayani ou Mahuayani situé à quelques 4000m d'altitude.
Cette tradition se déroulait déjà avant l'arrivée
des Espagnols et depuis s'est condimentée d'ingrédients catholiques
et de nationalisme péruvien.
Mille mètres plus haut se forme aux alentours du temple un véritable
camp-village, fait de tentes, de plastiques tendu, de couvertures, de gens
simplement emmaillotés dans des couvertures, de fumets de plats ou
boissons qui chauffent sur des réchauds de fortune.
Les moins bien équipés, devront compter sur leur sens de la
débrouille, du système "D", le sens commerçant ou de
la solidarité monnayée ou non d'autres.
Gardant toute fois des éléments de picardie, de fêtes, de plaisanterie même avec des "mariages pour rire" officiés par d'espiègles "Ukukus", des imageries de saints, mais aussi de la vente d'objets de superstition moderne où l'on vent comme dans un vaste bazar des liasses de dollars pour 1 sol, des camions, camionettes, voitures, maisons, magasins, certificats d'études miniatures dans le but de prier, les saints, le Christ, Dieu tout puissant et/ou les esprits des montagnes, de la mère terre et autres divinités andines de leur apporter en "vrai".
Comment le Guiness ne s'y est pas encore intéressé reste un mystère! Car c'est la ou une des plus grandes concentration de pélerins costumés au monde à cette altitude!
Les familles entières y vont des différents coins des Andes ou du pays. Chaque année dans les
groupes de dévôts ou de groupes de danses de croyants, des responsables
sont choisis. Ces derniers, appelés "majordomes"
auront la charge pour un an de ce qui fait l'unité communautaire autour
de saints, vierges, croix etc ils devront préparer les vêtements
des saints, le renouvellement de leur garde-robe, réalisation des plaques
et bannières brodées de fils d'or qui loueront la fête,
le saint ou la vierge, le groupe et plus que tout leur nom et celui de leur
famille
La tradition veut que pour l'accomplissement de certains voeux et bénédictions,
il faille participer trois années consécutives à la procession
et rendre son hommage en personne au Collyur Ritti.
Au Coyllur Ritty comme dans d'autres fêtes religieuses on paie et très
cher parfois dans l'espoir d'obtenir une vie meilleure pour le village, la
communauté, la famille ou soi-même.
Ce prix se paie en transpiration, peine, argent ou parfois dans le plus cher,
le sang ou la vie.
Presque chaque année la fête compte un ou plusieurs morts: tombé
dans une crevasse, de froid en dormant sur la glace, etc.
Mais même à niveau de rituels, on retrouve ces épreuves
oscillant entre le courage, le masochisme, le combat à la loyale et
démonstration de valeur ou deux "danseurs combattants" se donneront
à tour de rôle,lors du Yawar Mayu
(rivière de sang) avec force et rapidité des coups de fouets
dans les jambes.
Le cadre est somptueux.
Les impressions diverses, l'ambiance spéciale, raréfaction de
l'air glacé de nuit, la joie mêlé aux traces laissées
sur les visages de la dureté du pélerinage ou simplement de
leur vie quotidienne.
Les postes de distribution de nourriture ou les familles qui partageront chuños (pomme de terre au départ
déshydratée et réhydratée pour sa consommation),
les charkis (viandes ou poissons sèchés pour leur conservation),
maïs, pommes de terre, certains délicieux, d'autres curieux, mais
attention si vous devez y manger. Toutes les conditions sanitaires pour votre
santé ne sont pas partout réunies.
Les masses de personnes qui s'agglutinnent, se poussent, s'écrasent,
se bousculent, pour espérer un petit mieux, quelque chose sur le plan
santé d'un proche, d'un parent, la sienne, gagner enfin un peu d'argent,
réussir à entrer dans un cycle d'étude, obtenir son
diplôme.
Bénédictions données par des prêtres catholiques
aux milieux de reliques, de poupées et d'objets que l'on demandera
de baptiser de bénir.
Bercés de chants religieux et payens.
Comment orthographier le nom de la fête ? Comme c'est le cas pour la
plupart des noms de sites ou de personnages historiques l'héritage
est plus phonétique qu'autre chose. Nous avons trouvé (et souvent
brodé de fils d'or) les orthographes suivantes: Ccollyur Ritti, Qoyllur Ritty, Coyllor Ritty, Ccoyllor Ri
Ty, Ccoyloritty, Qoylloriti ,Qoyllorit'i etc. sur les bannières
des
groupes de pélerins, dans des revues, articles, documents relatifs
à cette tradition.
Si la tradition veut que le sacrifice personnel implique la montée
à pied depuis le village de Mahuani, il n'interdit pas pour ceux qui
viennent d'ailleurs ou dont la forme physique n'est pas suffisante de monter
et redescendre à cheval
Pour notre part:
nous sommes partis pour participer à la procession traditionnelle
du Ccoyllur Ritti. Après 5 petites heures sur une piste
qui nous a fait manger pas mal de poussière levée par les véhicules
qui nous précédaient dans des nuages opaques qui se déposent
sur le parebrise comme du papier calque.
Arrivés vers 17h30 à la tombée du jour, au village de
Mahuayani. Après avoir tout déchargé, en pleine nuit
nous sommes montés à cheval pour une ballade qui nous mène
à 5000m d'altitude en suivant un sentier éclairé partiellement
par le projecteur fabuleux de la pleine lune. Tandis que la température
fraichit Vers 20heures et quelques nous étions au campement.
Les tentes étaient pour la plupart déjà montées!
Luxe! Il faut dire que nous sommes hyper équipés! En dehors
des trousses de premiers soins, nous possédons 2 bouteilles d'oxygène
avec masques d'application et régulateur, tentes pour deux, tente
salle à manger, cuisine et cuisinier, même une "chef" de restaurant,
nourriture, boissons, chevaux et sommes très bien couverts. Notre
équipe comporte 2 chauffeurs pour se relayer au volant, une chef,
un aide-cuisinier, 4 muletiers, un guide et un petit groupe de visiteurs.
Le temps de décharger le restant, d'installer, les tapis de sol, sac
de couchage et sacs à dos. Manger, puis monter vers le temple au milieu
des groupes qui défilent, des danses, des badauds, puis dans l'église,
puis feux d'artifices etc.
Jusque vers minuit et demi. Puis repos jusqu'à 03heures du matin pour
voir le départ d'autres groupes, là notre haleine se glace
en un givre humide blanchâtre ou transparent sur moustaches ou écharpes
montées jusque sous le nez et cela jusqu'à 4h30, redodo jusqu'à
05h30 puis sortie à 06heures pour monter jusqu'au glacier. Photographie
et films du paysage woaw, essayer de reprendre un souffle normal, sans vraiment
y arriver on est à 5400m.
Puis filmer, photographier les processions en files multiples qui ne semble
ne jamais finir, tant il y a de participants. Tout semble irréel, surréaliste,
probablement en raison du manque d'oxygène de ces altitudes, du réchauffement
progressif de l'air glacé, des musiques des petits orchestres que
nous avons du mal à comprendre comment on peut encore jouer du trombone
ou de la trompette, porter des croix et bannières dans cet espace
ou chaque pas demande un effort marqué qu'ils semblent franchir d'un
pied léger.
Le Panorama de la montagne de l'Ausangate aussi est prenante.Il faut dire
que chaque difficulté, et la volonté d'arriver jusqu'au glacier
sont autant d'offrande aux divintés Andines et cosmogoniques, ainsi
qu'aux pélerins
qui nourrissent leur courage de chaque pas accomplit par d'autres et sentent
soutenus par cette solidarité qui montera avec eux jusqu'au plus haut
et les accompagnera encore jusque dans la descente quoi qui se soit passé
comme
ce fut le cas cette année par ce pélerin endormi sur la glace
et mort gelé. Il sera porté par quatre compagnons qui se relayeront
dans cette longue descente de retour vers le village d'où ils étaient
partis.
Un paiement sublime fut réalisé, une vie à rejoins celle
des dieux et j'avoue qu'un instant j'aurais pu y songer.
Enfin redescendre jusqu'au camp, comme le font les près de 30.000 personnes ayant assisté à la cérémonie, recharger les chevaux, remonter en selle jusqu'au village plus bas et reprendre le véhicule pour arriver le soir à Cusco, relativement moulus.
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a) Si vous pensez monter avec des chevaux, il est indispensable d'avoir
avec soi des muletiers pour charger les chevaux ou mules. Sachant qu'ils savent
répartir les charges et qu'ils le font au jugé s'appuyant sur
une grande expérience de la chose. Si vous montez à pied, attention,
il n'est pas obligatoirement facile d'en trouver en cours de route, que ce
soi pour poursuivre la montée ou pour redescendre.
b) Prévoyez de l'oxygène et médication pour surmonter
les problèmes potentiels liés à l'altitude.
c) Equipez-vous bien contre le froid! Bonnets, écharpe, gants, grosse
veste, pull sur le principe des couches dont vous pouvez à loisir
augmenter ou retirer une ou plusieurs pièces pour vous adapter facilement
aux variations de températures.
d) Bonnes lunettes solaires et bonnes chaussures de marche.
e) Nourriture et boisson en suffisance et réchaud. Pour réchauffer
le corps, la prise d'alimentation chaude est d'une grande aide.
f) Les services de secours prévus sur place sont plus que limités.
Pour qu'une ambulance puisse vous emmener il faudra des heures et pas moins
pour l'arrivée d'un hélicoptère.
g) Attention à la nourriture proposée un peu partout. Surtout
en matière de nourriture froide ou condimentée. Il est facile
d'imaginer que les conditions de transport ou de chaîne du froid, de
manutention, ont été mises à rude épreuve et
sans le moindre contrôle sanitaire. Cela concerne aussi les conditions
de vaisselle ou lavage des plats, verres, casseroles.
h)
ATTENTION il faut SE DECOUVRIR, lorsque l'on se trouve à
proximité du temple ou d'une procession. Sinon vous risquez des coups
de fouet dans les jambes pour vous rappeler ce signe de respect indispensable
dans ce contexte. Réagir violemment serait, vu la foule acquise à
ces règles, une erreur grave et pas obligatoirement gérable.
i)Si vous pensez grimper sur le glacier, il vous faut des bonnes chaussures
de marche et de crampons, bâton de marche et un bon guide.
j) Pour ne pas participer à la déprédation et dégradation
de l'environnement, même si très nombreux sont ceux et celles
qui ne le font pas, nous recommandons d'emporter tout déchêt
et de ne rien laisser de nuisible derrière soi.
Donner le bon exemple est une partie fondamentale du chemin pour l'amélioration de notre monde.
Textes et photographies de © Guy vanackeren
2002
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