Cette fête de village représentative
de conflits, à la fois culturels et sociaux, dure plusieurs jours
et demande une bonne préparation.
Si elle était relativement répandue
en région andine elle s'est faite plus rare, mais reprend un peu
de vigueur dans une volonté (mitigée) de revalorisation des
coutumes et traditions. Elle se perpétue pour la fête nationale
péruvienne, soit aux alentours ds 28 et 29 juillet dans différents
villages comme ceux de Chalhuanca,
Cotabamba
ou Coyllurki
entre autres.
Il semblerait que ce soit d'abord les riches
propriétaires terriens d'origines espagnoles qui auraient dans l'esprit
des fêtes taurines recréés "chez eux", sur "leurs terres"
des sortes de corridas relativement improvisées dont les protagonistes
étaient "leurs gens" opposés à une série de
taureaux du domaine.
Une sorte de pain et des jeux à la romaine
organisé par le propriétaire sorte de "Néron" tout
puissant.
Les spectateurs sont à la fois dans les
tribunes les propriétaires et leurs hôtes et amis, maîtres
des lieux et de la fête, puis le peuple composé essentiellement
des travailleurs ou "wakchas"
encore appelés "péones".
"Comme en Espagne" on réalise des corridas,
mais ici, avec les moyens du bord.
On dresse quelques barricades de bois, formant
une arène, les gradins seront le sol du pourtour, les barricades
elles-même et tout ce qui permettra d'observer mieux: une charette,
un tronc, un remblais. Les tribunes elles étant généralement
les fenêtres ou balcon de la maison du propriétaire parfois
aussi de contre maîtres et autres aidant, représentants de
son autorité.
Et on s'y improvise "torrero", avec plus d'apparât
(et moins de risque) au plus on monte dans la hierarchie. Au plus bas on
est, au plus frustes sont les équipements.
Pour ce faire il faut encore avoir un condor et un taureau sous la main. Pour le second, pas de problème on prend dans le troupeau.Pour le second la gageure est plus grande,il faut en attraper un sans le tuer ni le blesser.
Pour ce faire, un groupe de wakchas,
choisit pour sa réputation à l'habileté, l'endurance,
le courage partira dans la montagne avec un vieux cheval ou un âne.
Au lieu choisit pour être survolé de temps à autre
par des condors, ils égorgeront l'équidé et se cacheront
à proximité de la charogne.
Souvent dans un trou creusé tout près
couvert par des ponchos de la terre voire des branches d'arbuste et d'autres
un peu plus loin. Le tout est d'attendre que l'oiseau repère l'appât,
puis tourne en cercle très haut pour s'assurer que "tout va bien"
avant de descendre et s'attaque gloutonnement à la carcasse. Une
fois tranquilisé, affairé à banquetter, sa panse s'alourdissant
des chairs avalée, les "chasseurs" bondissent hors de leurs caches
tentant d'attraper le condor par les pattes et l'extrémité
des ailes. Essayant aussi de lui couvrir la tête tout en tentant
d'esquiver les coups de becs et de serres, puissants et tranchants.
Lorsque l'objectif est atteint l'oiseau est ramené
attaché, bec lié et tenu par l'extrémité des
ailes, triomphalement puis gardé "au calme" dans un patio de l'hacienda.
Peu sont ceux qui auront alors droit de voir le prisonnier de marque ou
lui rendre visite avant la fête.
Seuls pourront le voir le maître des lieux
et les rares privilégiés qu'il aura désigné
ainsi que les wackchas qui ont participé à la capture et
ont charge de s'en occuper, de le nourrir, lui donner à boire le
bichonner jusqu'au grand moment de la rencontre avec le taureau.
Place et patios intérieurs seront alors
préparés pour la fête. Dans de grandes chombas fermenteront
des hectolitres de chicha sorte de boisson fermentée faite à
base de maïs.
On mettra à chauffer les soupes et autres
mets relativement pauvres et constitués d'abats et de féculents
que le "petit peuple" boira à même les assiettes profondes
souvent en métal émaillé.
L'hacendado, le maître, fait sont tour d'arêne avec ses assistants et ou ses fils, puis il présente avec les wackchas le condor à la foule qui exulte. Oui, il y a bien un condor et on admire la taille de ses ailes sa prestance.
Si le condor survit à ce rodeo voir à plusieurs, la "yawar fiesta" la "fête du sang" se concluera par le Karcharpi, sa remise en liberté, son lâché vers ses étendues Andines et le ciel dont il est normalement un des maîtres.
Il est bien "Apu" esprit sacré.
Et si le serpent "Amaru" est repésentant
du monde souterrain, si le Puma incarne le monde de surface, lui est bien
l'Apu Kuntur, le condor sacré.
La revanche cachée de l' Inca sur l'Espagnol,
du Condor sur le taureau!
Voyez aussi:
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